Le bâton de marche

11.7.05

 

The Music, Snow Patrol et U2

Les grands trucs, c'est pas le mien. En général.
Mais parce que j'ai eu la chance d'être prévenu à temps par l'un de mes amis, parce que j'étais en première ligne le jour de la vente des billets de ce concert (fournée écoulée en 1h45)... et puis, parce que c'était U2, j'ai tenté le coup du stade de France.

Arrivée midi : "pour les Stones, il y avait du monde dès 10h le matin !".
La porte U, renseignements pris, n'est pas la moins bien placée en vue de l'objectif que nous nous étions fixé : la première fosse. Devant.
J'aurais dû être surpris en arrivant : les gens sont sagements assis par groupes, en file indienne, devant l'entrée. Et sortie des barrières, qui ne canalisent qu'une dizaine de mètre, la file continue calmement le long des grilles.
Mais il suffit de peu pour enrayer n'importe quelle belle intention, et une foule... vous savez aussi bien que moi ce que ça vaut. Le grain de sable en question est arrivé sur cette entrée relativement tôt.
A peine le temps de faire connaissance, de commencer une belote avec deux étudiants en Staps de Valenciennes, et voilà 3/4 connards qui remontent tranquillement la file pour poser leurs gros culs au plus près. Les abrutis en questions ont la quarantaine et l'applomb de la bêtise française, qui veut que celui qui ne respecte pas autrui puisse se targuer d'être malin.
Le résultat est simple : un premier mouvement de foule, et le sitting improvisé est écourté trop rapidement. Il reste plusieurs heures à attendre, debout, et le soleil vient nous faire coucou ?
Fallait y penser avant.

Coup de bol, la scène sponsorisée "automobile" est à côté, et si le quidam qui s'essaie n'a pas la voix bien juste, au moins on aura bien rigolé.
Le marketing bas de gamme, à l'américaine, en revanche me tape vite sur les nerfs. Mais bon, si l'on peut être grassement payées (je l'espère pour elles) à jouer les poufs en chaleur par un dimanche de juillet...

Le deuxième mouvement de foule est moins prévisible : quelqu'un se lève entre les barrières, une heure avant l'ouverture officielle, et voilà tout le monde qui se presse comme des sardines. Oh oui, on est heureux d'être tous ensemble.

16h15, ouverture des portes. Contrôle des billets, fouille approximative, et 150 mètres de course jusqu'au portillons de l'arène parmi l'arêne. Tant qu'à faire, autant être bien plaçés.
Heureusement, tout le monde se calme un peu. On peut s'asseoir tranquillement à nouveau, taper dans les petits gateaux, discuter. Ils viennent de Quimper. Elles viennent de Toulouse. Ils sont de Paris.

La pelouse est vite remplie, et c'est le tour des tribunes, tranquillement. C'est marrant de voir que bien qu'elles soient toutes numérotées là haut, les plus proches - ou les plus chères, ce qui n'est pas forcément pareil - sont les dernières occupées.

Et puis c'est le tour des gamins (sachant qu'on me donne généralement 6 ou 7 ans de moins que mon âge, je sais de quoi je parle) de The Music. Ils sont à fond, un roadie précède leurs ennuis de guitares, ils sont les premiers de la soirée à dédier une chanson aux Londoniens, Phil - le batteur - et Stuart - le bassiste - s'entendent à merveille, Adam - le guitariste - a un instrument magnifique, Rob - le chanteur - salue, danse, s'agite comme un possédé... mais ça n'y fait pas grand chose. The Truth is No Words et Getaway sont enchainées et je les reconnais à peine. Trop de basses. Trop forts (ce paragraphe est sponsorisé par les bouchons d'oreilles "ear"). Ils nous auront au moins réveillés.

On n'attend pas trop longtemps, et Snow Patrol entre sur scène tout tranquillement. Je n'ai pas bien saisi s'ils étaient 5 ou 6, et bien que le son soit un peu meilleur (ce paragraphe est aussi sponsorisé) que celui de leurs prédécesseurs, ça n'est pas particulièrement enthousiasmant (avis personnel), l'avant dernière exceptée (était ce celle dédiée à Londres ?). Mais le chanteur parle le français très correctement, le bassiste est gaucher (et tatoué), et ils s'acquittent plutôt bien de leur boulot : préparer le terrain. Ne pas trop nous chauffer, mais faire monter la pression. Doucement.

Puis une armée en noir s'active, vide la scène, retire les protections, teste deux fois la liaison HF de chaque guitare et de chaque micro, et les patrons entrent en scène.
Je ne suis pas un de leurs plus grands fans, mais je suis à 20 cm du sol par intermittence - un peu comme un stroboscope, moins la lumière - dès les premières notes de "Vertigo", qui ouvre leur set.
Ils n'ont pas besoin de s'agiter - mais le peuvent ils encore ? - pour occuper deux fois plus d'espace que les 2 groupes précédents réunis, les lumières se décident à être de la partie tandis que le soleil se couche, et je comprends soudain l'efficacité d'"Elevation". Dans ma chambre, ça ne sonne pas pareil, et pour cause.
Lorsque tout le stade frappe en cadence, ça vous file la chair de poule... Lorsque tout le stade s'éclaire de briquets, c'est pareil.
Ils tapent aussi bien dans leurs premiers tubes que dans le dernier album (que je ne connais pas), et s'ils ne peuvent pas tout jouer, ils vont presque nous en donner l'impression. Je perds le compte à la cinquième.

Des tubes, donc, qui fonctionnent toujours aussi bien 20 ans après. De l'émotion, certainement. Une tournée pour l'Afrique, en quelque sorte. Bono - et ses comparses, même s'ils sont plus discrets - sont de drôles de types.
Le mur métallique de 20 mètres (?) de haut devient écran, s'ouvre pour laisser passer la gueule d'une quinzaine de projecteurs poursuiteurs près desquels on entraperçoit l'ombre de leurs servants (pas moins d'un par canon).
"S'il y a un message", c'est un message de paix. "Coexist", avec le C du croissant, le x en étoile de David et le t d'une croix. Un message d'entraide. La déclaration universelle des droits de l'homme (est ce Aung San Suu Kyi - prix Nobel de la paix - qui nous la lit en anglais ? c'est ce que j'ai cru).
Une espèce d'optimisme forcené. D'une certaine manière, c'est ça où se pendre/noyer/tirer une balle (conserver la mention utile), c'est vrai. Et qu'est ce que - comme moi - vous faites encore là ?
Des ballons blancs fleurissent et tourbillonnent. Un bandeau sur les yeux, Bono est pendant quelques instants un condamné à mort, avant de se relever pour aller chercher une jeune fille dans la foule - Fanny, very confident, qui a du grimper haut... haut... - pour un slow.

Deux rappels. Et puis ils s'en vont comme ils sont arrivés.

Pour le retour, un peu de patience (ce que ma vessie ne comprend pas du tout, mais alors pas du tout), et aujourd'hui, une tête dans le cul, un peu rougie.
Ca valait la peine.

[edit :] Ai je parlé d'Arcade Fire sortant des deux grappes d'enceintes rouges et noires, juste avant l'entrée en scène des quatre compères ? Sur le coup, je n'ai pas reconnu tout de suite.
La réaction de la fosse ne s'est pourtant pas faite attendre : il y avait déjà un début de remous, et une floppée de mains en l'air.