Le bâton de marche

13.11.03

 

Tout a démarré un 1er février

Comme d'habitude, c'est lorsque je décide de me coucher tôt parce que je suis sur les genoux, depuis l'heure où j'ai posé un pied encore chaud sur la moquette de ma chambre froide, que l'idée d'un post prend forme dans mon esprit. Je me suis dit tout à coup, entre deux cuillerées de vermicelles, "tiens, ça fait un petit bail que tu n'as pas pondu un bilan de ton activité bloguesque !". Et donc, rongé par l'idée d'un post tout chaud, qui pourrait perdre de son arôme si j'attendais - l'inconscient ! - avant de le laisser s'exprimer, je me linke à nouveau à la machine, au lieu de profiter, déjà, de mes draps soyeux et de mon oreiller rebondi.

Un bilan, donc. Un bilan, après neuf mois et demi (à 2 jours près) de weblogging. Qu'est il donc né de ce weblog ?
Alors que c'est encore relativement frais, je me prendrais presque au syndrôme de l'ancien combattant. Mes archives exhibées s'affichent comme autant de campagnes. Il faut dire qu'à l'échelle des weblogs, c'est déjà pas trop mal. Faire durer son blog me semble le premier challenge de tout(e) blogueur(euse), avant même de poster quoi que ce soit "d'intéressant".

J'avais démarré ce machin dans une optique introspective, que j'ai rapidement abandonnée. Exercice trop difficile pour moi, ou trop impudique peut être. A moins que ce ne soit la règle initiale du post journalier qui n'ait eu raison de mes vélléités spéléo ? Sans doute. Et dans le doute, un autre carnet, dédié, hop.

J'ai tenté alors de garder en tête que mon weblog devait m'être utile, à moi. Et avant tout.
Il y a l'exercice d'écriture, tout d'abord. Qui se répète à chaque post. Permet de travailler ses phrases, son expression. Et m'a redonné l'envie de raconter une histoire. Hop, un autre blog.

Les liens repérés et les idées gribouillées, ensuite. Plus évocateurs que sur papier grâce à l'hyperlien et à deux trois astuces élémentaires typographiques. Penser au weblog comme à un carnet de notes me parait être son utilisation la plus... utile. J'arrive à me rappeler plus ou moins bien des liens que j'ai archivés ici, des idées, ainsi que des moments où je l'ai fait. Et en cas de besoin, avoir tout ça sous la main, ça peut servir. Une sorte de bibliothèque-placard à idées, en quelque sorte.

Puis il y a la communauté. Parce que même si l'on blogue avant tout pour soi, il n'empêche que participer à la vie d'un cercle de weblogs, blogosphère très personnelle, c'est stimulant, c'est enrichissant. Découvrir la diversité des weblogues me passionne. Quoi d'autre aurait pu me désintoxiquer des jeux vidéos ? (je n'ai pas dit "dégoûter") Des déboires personnels des uns à la vulgarisation technique des autres, en passant par les coups d'oeils et les débats, il y en a pour tous les goûts. Pour tous mes goûts.
Et puis, avec le temps, avec les mails, des liens se tissent. Qui débordent parfois largement du cadre de l'hyperlien. Lorsqu'on parle ensuite de voyeurisme, simplement parce qu'on prend des nouvelles de telle ou tel, maintenant je ne suis plus d'accord. Je ne connais pas mes voisins aussi bien que certains logueurs, certes. Mais une blogroll, c'est un peu comme se créer son propre village, ses propres voisins. Sans limite géographique. "Veillons sur les autres comme des sentinelles responsables, créons des liens partout où ils sont rompus."
Hop, un autre blog.

Maintenant, tout n'est pas tout beau. Cette saloperie m'a pompé un max de temps. Parce que bloguer, ça n'est pas qu'alimenter son weblog, mais c'est aussi en lire. Pleins. "Chronophagie" est un chef d'accusation solide dont le blog se tirera difficilement. Alors que je suis à la poursuite du job idéal d'un emploi depuis un an (!), peut être aurais je mieux fait de m'investir, autant que je l'ai fait ici, dans quelque chose de plus utile. Et on peut développer longtemps là dessus (quelle est la productivité réelle d'un blogueur au boulot ?).
Ensuite, bien que n'ayant pas suivi là de tortueuse piste introspective, je n'ai pas réussi ensuite à en parler autour de moi. Sans aller jusqu'à le crier jusqu'aux oreilles de ma grand mère, à mes amis, tout simplement. Mes amis IRL. Une des choses dont je serais le plus fier, finalement, sera de faire sortir ce blog, petit à petit, d'une "vie sur le net". "Qui sait si ce blogue ne sera pas alors une sorte de décodeur qu’utiliseront les gens qui m’aiment pour tenter de me comprendre"
Et puis enfin, on en fait le tour. Mon weblog s'alimente de ce que je vis, ce que je lis, ce que je vois. Or, hormis les récents remous, depuis les vacances, c'est plutôt calme dans la blogosphère j'ai l'impression. Peut être suis je moins attentif ? Je me nourris de bouquins bien sûr, je vois quelques films, mais les idées notées se font plus rares. Par ennui, parfois, par flemme, souvent. Parce que je traine à rédiger tel post, celui ci devient comme obsolète et ne me tente plus quelques jours après. Et l'idée d'une fermeture (qui serait aussitôt suivie d'une réouverture !), me trotte parfois entre deux plis du cervelet.

Maintenant, en voyant certains bouger, évoluer, je l'avoue, un nom de domaine, un changement de CMS et du tripatouillage de CSS... je crois que ça me tente bien.
"Le blog, quand y en a pu, y en a encore"...