Le bâton de marche

30.9.03

 

Amoureux... bientôt ?

Elle, d'abord, se faufile jusqu'à la porte fermée et s'y appuie, de dos, en regardant vers l'ouverture sur le quai, par laquelle s'engouffre toute une foule volumineuse... Je ne me rend pas compte tout de suite qu'elle attend. Quelqu'un.
Lui arrive ensuite, après la fermeture des portes, et en contournant les obstacles sur son passage, il la rejoint. Il se tient droit sur ses jambes, légèrement au dessus d'elle, et la dévore des yeux.
Elle lui sourit.

Il lui parle, et l'éclat cannibale de ses prunelles s'estompe momentanément. Elle lui répond en avançant légèrement le visage, ce qui la pousse à lever très haut les yeux, comme implorante : "Embrasse moi s'il te plait !".

Ils discutent tranquillement de je ne sais quoi. Je ne les écoute pas, tout occupé que je suis à les détailler subrepticement. Ils ont une dizaine d'années de plus que moi, et il a déjà des reflets argents dans ses cheveux bien coupés. Elle glisse une mèche de son carré ondulé derrière l'oreille tout en parlant, mécanisme de séduction tellement banal, mais pourtant tellement craquant. Ils ont le même style tous les deux, classiques mais détendus. Elle a de jolies chaussures à talons, il porte une chemise en coton ouverte sur un t-shirt noir. Leur discussion est tranquille et amicale. Quand elle parle, il regarde ses lèvres. Pourtant, il ne l'embrasse pas. Quand elle parle, elle regarde ses yeux.

Ils descendent avec moi à Gare du Nord et disparaissent dans la foule.