Le bâton de marche

3.7.03

 

Qu'allons nous manger ce soir ?

L'Union Européenne avait établi en 1999 un moratoire sur les organismes génétiquement modifiés (OGM). Hier, l'adoption d'une législation sur l'étiquetage et la traçabilité par l'europarlement met officiellement fin à ce moratoire. Par conséquent, à partir d'octobre, la commission devrait étudier des demandes de mise sur le marché.

Oh là, est ce la fin de tout ? Le ciel nous tombe t'il sur la tête ?
Officieusement, ça ne devrait pas se passer comme ça: chaque pays pouvant adopter des normes pour limiter les risques de contamination des cultures "naturelles". Et surtout, la bureaucratie à affronter, préalablement muni des paperasses nécessaires et dûment remplies, devrait en dissuader plus d'un.
Et enfin, en dernier recours, la paperasse nécessaire pour réaliser le TrackBack de ces aliments potentiels sera à évaluer à sa juste valeur: un gain d'argent (qui reste à évaluer) vaut il une perte de temps importante ? Lorsqu'on est agriculteur, la question ne se pose pas forcément: ce n'est pas (encore) l'exploitant qui décide de l'utilisation de son temps. Il ne peut que l'optimiser en fonction de ce que lui accorde mère nature.

Mais au fait, quel est le problème avec ces ovnis générés manuellement ? La transformation des présents de Déméter, ça fait un bout de temps qu'on le fait...
Oui, pourquoi, alors ?
- Parce qu'on n'en connait pas les effets sur l'organisme.
Eh ben tiens, tu m'en diras tant. Est ce que notre blé est l'Original ? Celui cultivé par nos lointains ancêtres, tous premiers sédentaires ? Il ne me semble pas... et on ne s'en porte pas plus mal si ?
- Parce qu'un tel champ exporte ses graines alentour, il risque alors de pourrir toute la région.
Ca me parait déjà plus valable, comme raison. En attendant, on doit quand même être capable de réaliser des 'barrières à pollens' non ? Si on tend autour du champ une bâche "suffisamment haute" c'est pas assez ?
- Parce que certaines entreprises profitent de leur savoir dans le domaine de la génétique pour vendre aux agriculteurs des semences brevetées. Valables pour _une_ culture, en quelque sorte: une semence brevetée ne peut être réutilisée l'année suivante. D'où l'obligation d'en racheter l'année d'après si on souhaite poursuivre la culture.
Là, tout de suite, c'est quand même plus précis comme grief, non ? Pourquoi est ce qu'on ne s'attaque pas directement au problème ? Pourquoi est ce qu'on trouve des moyens détournés pour combattre ce genre de trucs ? On ne peut pas dire tout simplement qu'on ne veut pas permettre ce genre de choses ?
Et bien sûr, on n'a pas abordé le point de vue éthique... Mais l'éthique, aujourd'hui, ça n'est vraiment pas un terme du vocabulaire économique.

Il me semble qu'aujourd'hui, on perd trop facilement de vue les raisons de notre fonctionnement. Pourquoi on fait telle chose devient moins important que de quelle manière on va la faire. Et s'il ne s'agissait encore que de la bouffe...

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Pour s'informer, aller plus loin: Le monde, Libération, InfOGM.