Le bâton de marche

3.7.03

 

Pour un public de merde, invitez la télé

Susheela Raman & Nitin Sawhney étaient hier soir au Réservoir, superbe petite salle du onzième arrondissement parisien, pour l'avant dernier enregistrement de l'excellente émission d'Arte Music Planet 2Nite (la dernière était ce soir: Radiohead). Mais comme le dit Ray "Cela fait deux ans qu'on fait cette émission mais Arte s'en fout", et l'émission ne sera plus programmée (2 mardi soir par mois en attendant, il y a des rediffs) à partir de novembre.
Hormis un public composé en (trop) grande partie de "potes du cousin qui a travaillé avec...", et qui n'avait donc rien à cirer de ce qui leur était présenté, c'était une soirée réellement très agréable.
Susheela est présentée comme une chanteuse "World". Personnellement j'entends par là toute la variété de merde qui-n'est-pas-assez-comme-on-en-a-l'habitude-et-donc-il-faut-trouver-un-mot-vendeur... Or, pas du tout. Cette anglaise d'origine tamoule asseoit sa voix aux accents indiens sur une musique qui ne renie en rien le rock élégant de certaines (anciennes ?) formations anglaises. Accompagnée de très bons musiciens - Tony Allen à la batterie - (et le solo de violon pendant la pause m'a confirmé le niveau du petit barbu qui ne payait pas de mine avec son jeu tzigano-jazzy) elle a joué quelques morceaux (Amba...), dont certains bougeaient vraiment (mais "public de merde", que voulez vous...), avant de reprendre en duo avec Nitin à la guitare, Song to the siren, de Tim Buckley.
D'origine indienne également, Nitin Sawhney a fait appel a trois chanteuses et deux chanteurs (dont je n'ai pas retenu les noms)(à part Tina Grace, ne me demandez pas pourquoi...) pour présenter des titres de sa composition, tandis qu'il assurait le clavier, la guitare et le sampleur. Ses musiciens (un guitariste français, un contrebassiste/bassiste afro-anglais, un batteur anglais et un percussioniste indo-anglais) partageaient une réjouissante complicité, allant jusqu'à dégeler le (trop maigre) public qui restait à la fin. Mais c'était facile, il ne restait que ceux venus pour la musique.