Le bâton de marche

11.6.03

 

Expression

On emploie des mots de manière bizarre, parfois. Si on y réfléchit deux secondes, on s'en rend compte. Mais le problème, c'est que quand on parle, on ne réfléchit plus.
Petit Frère était dernièrement à la gare RER C de la BNF, à Paris. Une de ces machines qui vendent de tout, sans avoir besoin d'un vendeur pour tenir la boutique, y est installée, très pratique lorsqu'on rentre tard chez soi et que l'on a une petite faim... Cette fois ci, la machine faisait l'un de ses caprices réguliers: bien que vous ayez introduit la somme nécessaire, que la marchandise soit visiblement disponible, un grain de poussière dans la mécanique vous refuse votre souhait.
Les deux costumes-cravates devant lui venaient visiblement d'en faire l'expérience. Débrouillard, mais surtout doté par mère nature de grands bras, Petit Frère, remarqua que la sournoise machine laissait, de manière ostensible, tomber sa marchandise hors de portée du commun des mortels. Il entreprit aussitôt de faire cracher à la Bête son trésor. Un à un, il pût ramener dans notre monde divers trésors. Il proposa alors aux deux infortunés de partager avec eux son butin. Ils déclinèrent poliment l'offre, exprimant seulement le désir d'obtenir ce pour quoi ils avaient payé. Loin en avant dans la gueule du monstre, l'objet était là. Enhardi par ses précédents succès, Petit Frère s'étendit tant qu'il le pouvait. Ses doigts effleuraient la victuaille. Effort. Il l'aggripa, mais ne pût la ramener: l'objet était bloqué.
"Rhhaaa le pédé, il est coinçé !" s'exclama t'il, exaspéré.

Devant la tête tirée par les deux types, il eut tout d'un coup l'intuition de s'être mal exprimé.